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POUVOIR ET REPRESENTATION

DEFINIR ET REPRESENTER LA REPUBLIQUE

REPRESENTER LA REPUBLIQUE

Cette visite, assez peu centrée sur des questions esthétiques, fournit une occasion de faire de l'histoire et de l'instruction civique au musée. Les œuvres du parcours, peintes ou sculptées entre 1848 et 1914, jalonnent l'avènement de la République au XIXe siècle. Leur observation permettra aux élèves de repérer les symboles permanents de la République et de découvrir ceux dont la portée est variable selon les époques.

Découvrir le parcours 

La diffusion des symboles sous la Troisième République

Les républicains ont compris l'importance capitale de la diffusion des idées républicaines par l'image et ses multiples supports. Un véritable culte de la République s'instaure. Ainsi, entre 1880 et 1900, ce sont plus de 220 monuments publics qui sont érigés, dont 90 ont pour figure directe la République, les autres célébrant les grands personnages incarnant l'esprit républicain. À la fin de cette période, l'idée républicaine est si bien intégrée par les Français que la figure au bonnet phrygien signifiera indifféremment la République et la France. Parallèlement à la réalisation de ces monuments, de très nombreuses œuvres de taille modeste sont diffusées et trouvent leur place dans la décoration des logements : bustes ou profils sculptés, médailles, lithographies… À côté du culte public rendu à la République, se développe ainsi un culte privé.
Ressources
Œuvres à découvrir en classe

Pour compléter votre visite, quelques œuvres rarement exposées en raison de la fragilité de leur support vous sont proposées en vue d'une consultation en classe.

Photographies

Dessins

  • Gustave Courbet (1819-1877), Autoportrait, 1871, fusain sur papier

  • Ernest Meissonier (1815-1891), La barricade, 1848, aquarelle, traces de crayon sur papier

Publications

  • Agulhon, Maurice, Marianne au pouvoir, 1880 à 1914, Paris, Flammarion, 1992 [1989]

  • Aguhlon, Maurice, Marianne au combat : l'imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Paris, Flammarion, 2001

  • Agulhon, Maurice et Bonte, Pierre, Marianne. Les visages de la République, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », 1992

  • Collectif, La Muse républicaine. Artistes et pouvoir, 1870-1900, cat. exp., Gand, Snoeck, 2010

  • Collectif, Cohen, Evelyne et Monnier, Gérard (dir.), La République et ses symboles. Un territoire de signes, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles », 2013

  • Collectif, Nora, Pierre (dir.), Les Lieux de mémoire, La République, vol. 1, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque illustrée des histoires », 1985

  • Collectif, Nora, Pierre (dir.), Les Lieux de mémoire, La Nation, vol. 2, t. I, II et III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque illustrée des histoires », 1986

  • Fourest, Caroline et Venner, Fiammetta, Les Interdits religieux, Paris, Dalloz, 2010

  • Hayat, Samuel, Quand la République était révolutionnaire. Citoyenneté et représentations en 1848, Paris, Seuil, 2014

  • Maille, Michel, La Laïcité. Solution d'hier, problèmes d'aujourd'hui, Paris, Dalloz, 2015

  • Nord, Philip, Le Moment républicain. Combats pour la démocratie dans la France du XIXe siècle, Paris, Armand Colin, 2013 [1995]

  • Nord, Philip, Les Impressionnistes et la politique. Art et démocratie au XIXe siècle, Paris, Tallandier, 2009

  • Ozouf, Mona, De Révolution en République. Les chemins de la France, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2015

  • Richard, Bernard, Les Emblèmes de la République, Paris, CNRS Editions, 2015 [2012]

  • Thompson, Richard, La République troublée. Culture visuelle et débat social (1889-1900), Dijon, Les Presses du réel, 2008

  • Collectif, La République, ses valeurs, son école. Corpus historique, philosophique et juridique, édition de Vincent Duclert, préface de Najat Vallaud-Belkacem, introduction de Mona Ozouf, Paris, Gallimard, coll. « Folio actuel », no 163, 2015.

 

Définir la République

« La République française est indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Telle est l’affirmation solennelle du premier article de la Constitution française, en une formule qui résume les quatre piliers de l’esprit républicain.

Une République indivisible 

Aucun individu, aucune partie de la population française, ne peut s’arroger un exercice de la souveraineté qui appartient aux citoyens français dans leur ensemble. Le peuple exerce son pouvoir de décision par la voie des représentants qu’il a élus ou du référendum. 

Le principe d’unité et d’indivisibilité garantit l’homogénéité des lois, des droits et des devoirs sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin. De plus, la République ne reconnaît qu’une seule langue officielle : le français.

 

Une République laïque 

Le caractère laïc de la République est à la croisée de la liberté de croyance et du principe d’égalité des citoyens devant la loi. 

Chacun est libre de croire ou de ne pas croire, quelles que soient ses opinions et sa foi, et de pratiquer son culte, à partir du moment où cela ne trouble pas l'ordre public. La laïcité est l’assurance du respect des droits de chacun et non la soustraction du fait religieux. 

Elle garantit non seulement la liberté d’exercer une religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion. Personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou de prescriptions religieuses. 

Elle implique la neutralité de l'État vis-à-vis de toutes les religions, mais en aucun cas leur effacement dans l'espace public. Elle repose sur la séparation des instances religieuses et de l’État, autonomie qui implique un dialogue.

La laïcité est donc l’une de nos valeurs les plus précieuses, la clé de voûte d’une société harmonieuse, le ciment de la France unie. 

 

Une République démocratique

Le caractère démocratique de la République implique le respect des libertés fondamentales et la désignation des différents pouvoirs au suffrage universel, (ouvert à tous les citoyens majeurs), égalitaire (chaque électeur dispose d’une voix) et secret (chacun vote en son âme et conscience, à l’abri de toute pression extérieure). Indépendamment de leur histoire personnelle, de leur niveau d’études, de leur richesse ou de leur sexe, les citoyens ont tous la même valeur aux yeux de l’État.

 

Une République sociale 

Enfin, le caractère social de la République résulte de son attachement à l’égalité. 

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », affirme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Pour que cette égalité de droits soit pleine et entière, vivante et concrète, l’État œuvre aussi à l’égalité des chances en soutenant plus particulièrement les citoyens démunis ou fragiles, et en encourageant la cohésion sociale dans les domaines de l’éducation, du logement, de l’emploi et de la santé.

Du gouvernement républicain, et des Lois relatives à la démocratie

Montesquieu, 1748

 

Lorsque, dans la république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est une démocratie. Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple, cela s’appelle une aristocratie.

Le peuple, dans la démocratie, est à certains égards le monarque ; à certains autres, il est le sujet.

Il ne peut être monarque que par ses suffrages, qui sont ses volontés. La volonté du souverain est le souverain lui-même. Les lois qui établissent le droit de suffrage, sont donc fondamentales dans ce gouvernement. En effet, il est aussi important d’y régler comment, par qui, à qui, sur quoi, les suffrages doivent être donnés, qu’il l’est dans une monarchie de savoir quel est le monarque, et de quelle manière il doit gouverner. (…)

Le peuple qui a la souveraine puissance, doit faire par lui-même tout ce qu’il peut bien faire ; et ce qu’il ne peut pas bien faire, il faut qu’il le fasse par ses ministres.

Ses ministres ne sont point à lui, s’il ne les nomme : c’est donc une maxime fondamentale de ce gouvernement, que le peuple nomme ses ministres, c’est-à-dire, ses magistrats. Il a besoin, comme les monarques, et même plus qu’eux, d’être conduit par un conseil ou sénat. Mais pour qu’il y ait confiance, il faut qu’il en élise les membres ; soit qu’il les choisisse lui-même, comme à Athènes ; ou par quelque magistrat qu’il a établi pour les élire, comme cela se pratiquait à Rome dans quelques occasions. (…)

La loi qui fixe la manière de donner les billets de suffrage, est encore une loi fondamentale dans la démocratie. C’est une grande question, si les suffrages doivent être publics ou secrets. Cicéron écrit que les lois qui les rendirent secrets dans les derniers temps de la république Romaine, furent une des grandes causes de sa chute. Comme ceci se pratique diversement dans différentes républiques, voici, je crois, ce qu’il en faut penser.

Sans doute que, lorsque le peuple donne ses suffrages, ils doivent être publics ; et ceci doit être regardé comme une loi fondamentale de la démocratie. Il faut que le petit peuple soit éclairé par les principaux, et contenu par la gravité de certains personnages. Ainsi, dans la république Romaine, en rendant les suffrages secrets, on détruisit tout ; il ne fut plus possible d’éclairer une populace qui se perdait. Mais lorsque dans une aristocratie le corps des nobles donne les suffrages, ou dans une démocratie le sénat ; comme il n’est là question que de prévenir les brigues, les suffrages ne sauraient être trop secrets.

Montesquieu (1689-1755), De l’Esprit des lois, 1748. Livre II, chapitre II.
Texte intégral sur Gallica : Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 1857

REPUBLIQUE

LA DÉFINITION

Définition Larousse

n. f.

  • Système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.

  • État ayant ce type de gouvernement.

Source : Larousse.fr 

 

Michel Winock

Au sens étymologique, le mot « République » (res publica) désigne les affaires communes, les choses de l’État, mot à mot la « chose publique » opposée aux affaires privées. Mais la République est aussi un régime politique, opposé à la Monarchie. Pour autant, la République n’est pas nécessairement démocratique ; c’est ainsi que dans la République romaine le pouvoir n’appartenait qu’à une minorité de citoyens. En France, la République a été pour la première fois proclamée le 21 septembre 1792, sur les ruines de la royauté. Ce régime était fondé sur la souveraineté du peuple et la communauté des citoyens.
Le langage, les rites, les références, la culture politique des républicains, plongent leurs racines dans la Révolution, dont la charte fondamentale a été la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Instauré en 1792, restauré en 1848, le régime républicain a été par deux fois abattu par le coup d’État bonapartiste, en 1799 et en 1851. Il est devenu définitivement le régime politique des Français depuis le 4 septembre 1870, mis à part la parenthèse du régime de Vichy pendant la guerre, entre 1940 et 1944. Trois républiques se sont succédé depuis 1870 : la Troisième (1870-1940), la Quatrième (1944-1958), la Cinquième (depuis 1958).
Selon notre Constitution, « la France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Chaque terme compte.
1. Indivisible, la France forme une nation dont chaque membre, individuel ou collectif, est subordonné à une communauté politique, à un vouloir-vivre-ensemble qui récuse les particularismes, les séparatismes, aussi bien que les individualismes et les corporatismes ignorant le bien commun.
2. Laïque, la République s’est affirmée historiquement à l’encontre du pouvoir ancestral de l’Église catholique, en affirmant l’indépendance du pouvoir politique de tout pouvoir religieux. Deux grandes décisions législatives ont établi la laïcité républicaine : les lois scolaires des années 1880 et la loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905 qui assure la liberté de conscience mais ne privilégie aucune religion.
3. Démocratique, la République repose sur le suffrage universel (masculin en 1848, masculin et féminin depuis 1944), sur les libertés publiques, et sur l’égalité entre tous les citoyens, quels que soient leur sexe, leur religion, leur profession.4. Sociale, enfin, la République s’assigne la tâche d’assurer l’éducation (l’école gratuite), la sécurité et la promotion des citoyens par des institutions qui ont été progressivement mises en place (impôt sur le revenu, Sécurité sociale, aides diverses aux familles, RMI, etc.). Sa devise, qui date de 1848 : Liberté, Égalité, Fraternité, résume ses principes, dont la réalisation ne peut être que le fruit d’un effort toujours renouvelé. La République, en effet, n’est pas seulement un héritage, mais une dynamique visant à abattre ou à limiter les entraves aux libertés (individuelles et collectives), à l’égalité devant la loi et à la solidarité des citoyens les uns envers les autres. Toujours remise en cause par les intérêts particuliers, la République n’est pas réductible à un régime politique : c’est l’idéal d’une société d’hommes libres, épris de justice et de paix, que chacun est tenu de servir par l’esprit civique.

Extrait de Guide républicain. L’idée républicaine aujourd’hui.
SCÉRÉN-CNDP, ministère de l’Éducation nationale, Delagrave, 2004.

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Égalité : mon œil ! Fraternité : où ça ? Liberté : en rêve ! 

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