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Des oeuvres et des textes

Liberté Sociéte Démocratie

HEGEL

 

 

C'est bien le citoyen, par excellence, qui devait citer la déclaration des droits de l'homme, et même, en fin de compte, pas seulement les droits de l'homme. Car il a pour sienne une formule bien plus vaste : Liberté, Égalité, Fraternité, qui va bien au-delà de la révolution qui eut lieu en Amérique et en France et de sa corruption.

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Ernst BLOCH, Droit naturel et dignité humaine

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  1. Définir les limites de la démocratie à partir de cette analyse.

  2. Expliquer la position de Hegel à l'égard du suffrage universel.

  3. Quelle différence fait-il entre conflit et concertation ?

article : Ponton, L. (1987). Hegel et la politique des droits de l’homme. Laval théologique et philosophique, 43(2), 217–234. https://doi.org/10.7202/400303ar

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Hegel ne néglige pas la liberté politique, mais dans la présentation qu'il en fait, il s'écarte de la « politique des droits de l'homme ». Selon cette politique, chaque citoyen a le droit de contribuer de sa volonté « à ce qui doit être loi pour lui ». On voit les inconvénients qui résultent d'un tel présupposé. Un grand pays ne peut s'accommoder de la démocratie directe. Tel est l'avis commun. Reste la démocratie représentative qu'il faut examiner de près. Si l'on confie la responsabilité des affaires publiques à un petit nombre de citoyens, ce petit nombre, prétendument représentatif, l'emportera sur le grand nombre. Par ailleurs, la domination du grand nombre sur le petit nombre est d'entrée de jeu inacceptable. Ainsi le système représentatif fondé sur le principe individualiste conduit à des difficultés insolubles. L'élément démocratique doit donc être introduit dans l'État de manière rationnelle, c'est-à-dire concrète, et en dépassant les simples abstractions. Affirmer que les individus isolés doivent participer aux délibérations et aux décisions publiques du fait qu'ils sont membres de l'État est un énoncé superficiel. Que signifie être membre de l'État ? L'État est concret : il est divisé en plusieurs sphères d'activité. Être membre de l'État, c'est appartenir à un ordre ou à une catégorie sociale. Le citoyen n'est pas citoyen en général, il a des intérêts et des activités déterminés à partir desquels ils en vient à se préoccuper du bien public. La représentation doit donc avoir comme base organique les diverses composantes sociales (les municipalités, les corporations, le commerce, les fabriques, etc.) et non l'individu abstrait, «sans vocation réelle et vivante pour l'universel». La thèse individualiste implique aussi que tous les citoyens sont aptes à prendre en main l'intérêt général, ce qui est une opinion purement abstraite. Il reste vrai toutefois que le simple citoyen a le droit strict de s'exprimer et de donner son avis sur les questions politiques. Hegel met en évidence le rôle souvent positif de l'opinion publique et de la presse. 11 fait de la publication des débats des Assemblées un droit de la conscience subjective. S'il refuse le point de vue démocratique informe: un homme, une voix, c'est qu'il favorise la concertation plutôt que la confrontation. Selon le mot d'un historien, l'État est pour Hegel une « totalité agissante » et une "unité créatrice "(37) . La constitution est la justice existante : elle doit donner aux grandes causes et aux intérêts spécifiques des divers groupes sociaux, non aux individus comme tels, la possibilité de se faire entendre. Pour le député, représenter ne signifie pas être élu par des individus pris isolément ou par la multitude, mais rendre effectivement présents, par sa préparation et son expérience, les intérêts de l'une ou l'autre des sphères essentielles de la société, qui ont tous un droit égal à être représentés. Hegel a de plus le sentiment que le suffrage universel dévalorise en pratique l'individu en lui révélant «la médiocrité réelle de son influence et de sa volonté souveraine liée au droit de vote» (38) .

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